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Elle - 20/09/2024

Qu’est-ce que les boîtes aux lettres « Papillons », qui aident les enfants victimes de violences ?

Publié le 20 septembre 2024 à 17h00




Un grand-père comparaît pour viol et agressions sexuelles à partir de ce vendredi 20 septembre devant la cour criminelle de l’Ain. Le procès a lieu deux ans après l’appel à l’aide de sa petite-fille, Lily, qui avait dénoncé les faits en déposant un mot dans une boîte aux lettres Papillons.

Par Lola Uguen


« Pour nous, Lily est un peu comme un porte-drapeau. » Au téléphone, la voix de Laurent Boyet, président et fondateur de l’association Les Papillons, est émue. Ce vendredi 20 septembre, un procès quelque peu spécial se tient à la cour criminelle de l’Ain, à Bourg-en-Bresse. Un grand-père comparaît pour viol et agressions sexuelles, notamment sur sa petite-fille, grâce à la dénonciation des faits par cette dernière dans une boîte aux lettres Papillons. Lily avait alors 10 ans et demi. 

« Ce procès représente la preuve que quand on se met à la hauteur des enfants, quand on propose un objet à leur hauteur, quel que soit leur agresseur, ils peuvent nous l’écrire », souligne Laurent Boyet. Depuis mars 2020, son association met à disposition des enfants, dans les écoles et les clubs de sport, des boîtes aux lettres Papillons. L’objectif ? Permettre aux enfants victimes de toute forme de maltraitance – harcèlement, violences physiques, inceste – de s’exprimer. « 50 % des mots concernent le harcèlement scolaire », signale le fondateur.

« Quand j’ai créé l’association, l’idée était de faire en sorte que les enfants victimes ne traversent pas les mêmes déserts que moi », poursuit-il. De ses six à neuf ans, le président a été victime de violences sexuelles de la part de son frère. « Il m’a fallu 30 ans pour avoir la force de libérer ma parole », appuie-t-il.

Quand j’étais enfant, j’étais incapable de dire ce qu’il me faisait subir. Par contre, je l’écrivais

« Quand j’étais enfant, j’étais incapable de dire ce qu’il me faisait subir, parce que j’étais incapable notamment de m’entendre dire ce qu’il me faisait. Par contre, je l’écrivais dans une sorte de journal intime. Quand j’ai libéré ma parole, je me suis rappelé que les deux seuls endroits où j’aurai eu la capacité d’espérer une main tendue, c’était dans mon école et dans mon club de foot », explique-t-il.


350 boîtes réparties sur tout le territoire 

À la rentrée 2024, l’association comptabilise près de 350 boîtes aux lettres installées sur tout le territoire. « On a beaucoup de sollicitations des municipalités », souligne Laurent Boyet, confirmant l’intérêt croissant des communes, des écoles et des clubs pour son initiative. 

Chaque municipalité partenaire désigne une personne de confiance, chargée de récupérer les mots déposés par les enfants au moins deux fois par semaine. « Les lettres sont scannées et envoyées sur une adresse mail sécurisée à nos psychologues, qui sont salariés de l’association », indique Laurent Boyet. Selon la nature des faits dénoncés, l’association saisit ensuite la justice.

La lettre de Lily conduit ainsi à un signalement auprès du procureur en 2022. Quelques jours plus tard, son grand-père est interpellé. « On suit l’affaire parce qu’on est resté en contact avec les parents de Lily », éclaire Laurent Boyet. Le fondateur poursuit : « On a potentiellement eu d’autres mots depuis de la même teneur que celui de Lily qui ont donné lieu à des signalements et des enquêtes. »

Sur X, le président n’a pas hésité à apporter son soutien à l’adolescente. « Lily, à la veille du procès de ton grand-père, ton agresseur, j’aimerais te dire tellement de choses. Et puis je relis le mot que tu as déposé en juin 2022 dans la boîte aux lettres Papillons de ton école. Alors je sais ta force et ton courage. Tout ira bien. Tu es une héroïne », écrit-il jeudi 19 septembre. 


Une première Maisons Papillons ouverte

« Ça me ramène à mon histoire aussi. Quand je vois le courage de Lily, c’est une grande fierté d’avoir pu lui permettre de trouver la force et le courage de mettre ce mot et de libérer de la même façon ces deux cousines », met en avant Laurent Boyet au téléphone. Le grand-père est également jugé pour agression sexuelle sur deux cousines de l’adolescente. Ces dernières n’avaient jamais parlé avant le mot de Lily.

À l’ouverture de l’audience ce vendredi 20 septembre, les parties civiles ont cependant vite déchanté. « Le huis clos a été retenu alors que Lily ne voulait pas que le procès se déroule à huis clos », signale Laurent Boyet. « Même si c’est compliqué, le plus important c’est que le procès ait lieu », reprend-il. L’association ne s’est pas portée partie civile. « Nous n’avions pas suffisamment d’ancienneté pour cette affaire. On le fera dorénavant pour accompagner les familles dans cette parole libérée », indique le fondateur, qui souhaite voir l’association grandir un peu plus.

Une première Maison Papillons doit ainsi ouvrir ses portes lundi 23 septembre à Saint-Estève, dans les Pyrénées-Orientales. « L’idée, c’est de faciliter le parcours aux victimes et à leurs parents », présente Laurent Boyet. « On aura de l’accompagnement psychologique pour les enfants victimes, pour leurs parents, pour les fratries », détaille-t-il. Des ateliers de sensibilisation aux violences pour les enfants – un sujet parfois difficile à aborder – doivent aussi voir le jour en octobre.

 

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