France Info - 04/02/2025
Article rédigé par Antonin Bodiguel
France Télévisions
Avec ses boîtes aux lettres installées dans les écoles et les clubs de sport, l'association "Les Papillons" permet aux enfants de libérer leur parole en toute discrétion.
"Si tu ne peux pas le dire, écris-le", résume le fondateur de l'association "Les Papillons" Laurent Boyet. Lui-même victime de violences sexuelles dans son enfance, cet ex-capitaine de police et ancien membre de la Ciivise a attendu plus de trente ans avant de pouvoir briser son silence à travers son livre témoignage Tous les frères font comme ça. Son engagement a donné naissance à ce dispositif unique, conçu pour éviter à d'autres enfants de traverser les mêmes "déserts".
Chaque mot déposé dans ces boîtes aux lettres est traité avec le plus grand sérieux. L'association distingue deux types de situations : celles nécessitant un signalement immédiat, comme des cas de violence ou d'abus graves, et celles qui relèvent du harcèlement scolaire ou d'autres malaises moins urgents. Dans ces derniers cas, "Les Papillons" collaborent directement avec les établissements concernés pour agir au plus près des enfants.
Un exemple marquant illustre l'impact de ce dispositif : celui de Lily, une petite fille de 10 ans, qui a dénoncé les abus incestueux de son grand-père en juin 2022(Nouvelle fenêtre). Après avoir placé son témoignage dans une boîte aux lettres, l'agresseur de Lily a été condamné en septembre 2024 à 12 ans de réclusion criminelle par la cour criminelle de l'Ain.
Un espoir pour les générations futures
Le travail de l'association ne s'arrête pas à la prise en charge des cas d'urgence. En sensibilisant les enfants dès leur plus jeune âge, "Les Papillons" espèrent prévenir le silence et la solitude qui accompagnent souvent les victimes. Ces boîtes aux lettres, installées dans des lieux du quotidien, rappellent aux enfants qu'ils ont le droit d'être entendus.
Pour Laurent Boyet, chaque mot déposé est une victoire : "Je me suis promis que les enfants d'aujourd'hui ne connaîtraient pas les mêmes déserts que moi et quand aucun adulte ne vient travestir la parole de l'enfant, la justice passe", conclut Laurent Boyet.
