Ou comment trouver le juste milieu…
C'est difficile de trouver le juste milieu, surtout lorsqu'on a été soi même victime. Le monde apparaît comme une jungle où les agresseurs potentiels semblent être partout et avoir tous les visages.
Partout, nous croyons apercevoir un danger pour nos enfants. Partout nous voulons les protéger du mal dont personne ne nous a protégé à leur âge. Nous avons tellement peur de ne pas voir, de ne pas percevoir leurs souffrances silencieuses et souvent invisibles.
Mais notre histoire n'appartient qu'à nous. Elle n'est pas celle de nos enfants. Elle appartient au passé. Nous en connaissons le poids. Pourquoi le faire porter à nos enfants ? Mais surtout, toutes ces peurs qui, si on y réfléchit trop, deviennent souvent irraisonnées, n'éviteront jamais les dangers qui finiront toujours par les approcher.
Je vous comprends tellement. J'ai été victime de viols par mon frère de l'âge de 6 ans à l'âge de 9 ans. Nous dormions dans la même chambre, le même lit. C'est ce qui a permis ses crimes car ils se sont arrêtés dès que nous avons été séparés. Du fait, lorsque mes deux garçons, âgés de 9 et 6 ans, au moment des travaux de rénovation de notre nouvelle maison, ont voulu partager la même chambre, mon sang, mon âme, ma raison, tout s'est mis à bouillir à l'intérieur.
Grâce à mon épouse qui a su trouver les mots, j'ai pris sur moi et j'ai essayé de me raisonner. Je les ai laissé vivre leurs enfances, leur complicité. Parce qu'au final, leur demande était juste normale. C'est ce que mon frère m'a fait qui était anormal.
Nous ne pouvons pas empêcher ce qui doit arriver. Ça s'appelle le destin et chacun a le sien à accomplir, avec ses propres bagages. L'enfance, c'est ce qui nous construit. Elle doit être vécue avec ses joies et ses peines, avec ses insouciances et ses prises de conscience. Quelle que soit notre histoire, nous ne devons pas emprisonner nos enfants dans nos peurs.
Nous devons toujours et le plus possible nous mettre à leur hauteur, prendre le temps de leur parler mais surtout de les écouter. Leur faire confiance et plus encore nous faire confiance. Plus que n'importe qui, nous saurons nous alerter de leurs silences, de leurs changements de comportement. Nous saurons voir ce que les autres ne voient pas, justement parce que nous l'avons vécu.
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